PLEURE MADAGASCAR
A
Monsieur le Président non élu
Je vous écris une lettre que vous lirez peutêtre...
si vous otez vos lunettes noires...
Depuis janvier 2009 :
J'ai vu les pillages organisés par des commandos
J'ai vu les magasins éventrés, vidés, incendiés
J'ai vu des gens pleurer devant leur vie calcinée
J'ai vu les boutiques fermer, les gens partir
J'ai vu les étals des magasins se vider des produits nécessaires
J'ai vu des militaires faire descendre les passagers d'un taxibe
pour y installer les animaux tout juste volés dans une ferme
expérimentale et obliger le chauffeur à les emmener
J'ai vu les prix augmenter et ils augmentent encore
J'ai vu les routes se déteriorer, les dépots d'ordure augmenter
la saleté s'installer
J'ai vu se multiplier la mendicité et les gens sans abri
Et j'ai vu le bus revenant à Tana, bloqué et dévalisé
par des bandits assités de gendarmes
Et dans ce bus était mon ami
Je l'ai vu sur son lit aux urgences, inconscient,
son visage gonflé par les coups reçus perdant son sang
et sans médecin pour le soigner
J'ai vu sa petite fille traumatisée et silencieuse,
apeurée par le visage tuméfié de son père
J'ai vu son épouse, soulagée de ne pas avoir été violée
Et je regarde encore autour de moi
je ne vois que peur et incompréhension
Alors Monsieur le Président, s'il vous plait, baisser les vitres noires
de vos voitures blindées
et regardez cette peur et cette misère
Dans la presse, on parle du "petit" cancer d'un chanteur,
ici le cancer s'est généralisé et
on approche de la phase terminale
A vous Monsieur le président, vos ministres, vos conseillers, vos opposants,
et à tous ceuxici ou à l'extérieur du pays qui donnent leurs avis de "démocrates",
Surtout, surtout, plus tard, ne dites pas que vous ne saviez pas
PLANETE MANSET
Hier, en traversant
la rue,
Je me suis reconnu
Tête nue,
Méconnu.
J'ai changé de
trottoir avec dix ans de plus.
Je me suis rattrapé
Quelques instants
plus tard.
C'est bizarre.
Je suis passé devant
moi sans me voir.
Le paradis terrestre,
Voyez ce qu'il en
reste.
C'est une terre
aride.
Les yeux perdus au
fond des rides,
C'est un chemin plus
difficile qu'on ne croit,
C'est un chemin de
croix.